Cas d’école me direz vous. Superstar des hors-d’œuvre mondains,
les frites se mesurent avec brio au reste de la fange apéritive que sont
les cacahuètes et autres graines à la saveur vilainement authentique.
Quel
plaisir que ce sel huileux qui colle aux bouts des doigts. Plonger ses
mains avides dans le bol (ou pire, directement au sachet) et en
ressortir le précieux butin. Aussi, il sera important, et ce malgré les
pressions sociales inhérentes à la soirée, de réussir, à un moment ou un
autre, à s’empiffrer grassement comme si votre vie en dépendait. Vous
toucherez, là, l’un des piliers hédonistiques de la malbouffe. Mais revenons à nos patates.
D’antan,
les apéritifs se constituaient d’honorables rations d’arachides,
l’association olives + cacahuètes (la “caca” comme on l’appelle au
bistrot, et les vrais sauront) faisant office de pierre angulaire de ce
rituel préliminaire. Encore aujourd’hui, il ne viendrait pas à l’idée du
tenancier qui se respecte de servir en guise d’amuse-bouche, des sortes
de bâtonnets poreux aux arômes improbables.
Pourtant, ils sont bien là. Étonnante création sortie droit des esprits ingénieux des grands nourrisseurs de ce monde, le curly marque une transition entre le végétal, l’organique, et l’artefact, l’innovation de l’Homme. Ça fait déjà rêver.
Mais
le coup de génie provient bel et bien de la frite. Pas l’instrument en
lui-même; un vulgaire curly aminci, mais le goût qu’on lui associe
d’office. Le bacon. On passe donc, dans l’idée des ingénieurs de
la frite, d’un gout “logique” de pomme de terre à celui de la viande.
Des frites de cochon, pour ceux qui ne peuvent se permettre de servir de
véritables tranches roses dans leurs réceptions. Ainsi, là où l’ancien dégainait son opinel et son saucisson, on dégaine maintenant des bâtons d’air comestibles.
C’était mieux avant disait le dicton, mais avant, on le savait pas encore.
note : 3 Jacques Séguéla sur 5
Rédigé par Lu’
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